Au Sénégal, l’Assemblée nationale a voté pour le report de la présidentielle au 15 décembre 2024 avec 105 voix pour et 01 contre. Mais c’est sans compter sur le vote des députés de la principale coalition de l’opposition. Macky Sall, qui avait promis de ne plus faire un troisième mandat, a réussi à obtenir une prolongation de son mandat présidentiel de 10 mois.
Évacuation des députés de l’opposition
Ce lundi 5 février 2024, la séance parlementaire au Sénégal a pris une tournure dramatique lorsque des gendarmes ont évacué de force les députés de l’opposition de l’hémicycle. Ces événements ont précédé le vote sur la proposition de loi visant à reporter la présidentielle de février à décembre 2024. Ces parlementaires refusaient de voter sans un débat.
Le vote qui a suivi cette évacuation a été marqué par une quasi-unanimité en faveur du report de la présidentielle. Cependant, l’absence des députés de l’opposition a jeté une ombre sur la légitimité de cette décision. De plus, la proposition de loi prolongeant de facto le mandat du président sortant, Macky Sall, jusqu’à l’élection d’un nouveau président, est contestée. Les députés de l’opposition dénoncent une violation flagrante de la Constitution, arguant que cela constitue un coup d’État institutionnel. « Ils ont réussi à faire passer l’amendement qui proroge le mandat du président de la république illégalement, anticonstitutionnellement jusqu’au 15 décembre, ce qui est complètement scandaleux, nous n’allons pas l’accepter. ».
Tensions croissantes dans les rues
La réaction de l’opposition ne s’est pas fait attendre. Elle prévoit de saisir le Conseil constitutionnel pour obtenir son avis sur la légalité du report de la présidentielle. De plus, des appels à la désobéissance civile sont lancés, accentuant les tensions dans le pays. L’opposition, ainsi que de nombreux citoyens, contestent la légitimité du gouvernement et expriment leur mécontentement face à cette décision qui prolonge le règne de Macky Sall.
En parallèle, les autorités ont décidé de couper l’internet mobile, justifiant cette mesure par la circulation d’appels à la haine sur les réseaux sociaux et le risque de troubles à l’ordre public. Cette coupure est fortement critiquée par les défenseurs des droits de l’homme et les activistes d’Internet sans frontières, qui estiment qu’elle porte atteinte à la liberté d’expression et à l’accès à l’information.
La décision du gouvernement de reporter la présidentielle au nom de la stabilité et de la préparation d’un scrutin pacifié est contestée. Les partisans de cette mesure estiment qu’elle offre du temps pour organiser un processus électoral plus transparent. Cependant, la situation actuelle suggère que le Sénégal entre dans une période d’instabilité politique et sociale, avec des conséquences potentiellement graves pour la démocratie dans le pays.