Le Sénégal s’enfonce dans une crise politique inédite. À quelques heures de l’ouverture de la campagne électorale, le président Macky Sall a annoncé le report indéfini de l’élection présidentielle prévue pour le 25 février. Cette décision a déclenché une série d’événements tumultueux, avec la coupure de l’accès à Internet et la dispersion de rassemblements à travers le pays.
Le gouvernement coupe l’internet
Au lendemain de l’annonce du report de l’élection présidentielle, l’accès à Internet a été brusquement coupé dans tout le pays, en particulier à Dakar, la capitale. Les données mobiles Internet étaient inaccessibles, provoquant un mécontentement parmi les utilisateurs. Des plaintes ont afflué de la population, exprimant leur frustration face à cette coupure soudaine et inexpliquée. Cette mesure draconienne souligne l’intensification des tensions politiques dans le pays. Au Sénégal, « Le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique informe le public qu’en raison de la diffusion de plusieurs messages haineux et subversif relayés sur les réseaux sociaux dans un contexte de menaces de troubles à l’ordre public, l’internet des données mobiles est suspendu provisoirement à partir du dimanche 04 février à 22 heures. Les opérateurs de téléphonie sont tenus de se conformer aux réquisitions notifiées « , a annoncé le ministre Moussa Bocar Thiam dans un communiqué.
La décision de Macky Sall de reporter l’élection présidentielle du 25 février a été accueillie par des manifestations et une opposition ferme de la part de l’opinion publique. Cette mesure sans précédent depuis l’indépendance du pays a suscité des interrogations et une réaction immédiate. En réponse à ce climat d’incertitude, les autorités ont choisi de couper l’accès à Internet, une stratégie qui a été précédemment utilisée en juin 2023 lors de tensions similaires, après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko.
À Dakar, des rassemblements se sont formés devant l’Assemblée nationale où devait débuter le débat sur la proposition de loi constitutionnelle visant à reporter l’élection présidentielle de six mois. L’opposition, s’opposant fermement à cette décision, a appelé à manifester, mais les forces de sécurité ont rapidement dispersé les manifestants à l’aide de gaz lacrymogènes. Ces affrontements soulignent l’ampleur des divisions politiques et sociales au sein du pays.
Le Syndicat des travailleurs de Sonatel, le principal opérateur de téléphonie du Sénégal, avait anticipé une coupure d’Internet en exprimant son désaccord avec toute mesure allant dans le sens de restreindre l’accès en ligne. Cette coupure, souvent utilisée comme moyen de contrôle dans des situations de crise, souligne la gravité de la situation politique actuelle.
Rassemblements dispersés
Les manifestations ont persisté malgré la coupure d’Internet, soulignant la détermination de l’opposition à faire entendre sa voix. Devant l’Assemblée nationale, un rassemblement a été dispersé à nouveau par les forces de sécurité, illustrant le climat tendu qui règne actuellement au Sénégal. Les grenades lacrymogènes ont été utilisées pour disperser un groupe de manifestants qui refusaient de se conformer aux ordres des autorités.
L’opposition, qui avait appelé à manifester contre le report de l’élection présidentielle, reste déterminée malgré les défis. Les événements survenus devant l’Assemblée nationale reflètent la volonté de l’opposition de maintenir une pression constante pour contester cette décision jugée antidémocratique. Les affrontements entre les forces de sécurité et les manifestants soulignent la polarisation croissante de la scène politique sénégalaise.