Par décret N°2024-006 du 09 janvier 2024, le président béninois, Patrice Talon a créé un Collège des ministres conseillers à la Présidence de la République pour participer à la conception et au suivi de la mise en œuvre de l’action gouvernementale. Mais sa décision suscite beaucoup de critiques. En conférence de presse ce jeudi 8 février 2024, le chef de l’État a donné les raisons derrière son initiative.
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« Depuis mon premier mandat et durant ce second-ci, vous avez dû constater que, parfois nous faisons appel à des compétences non-politiques pour conduire l’action du gouvernement. Le pays a besoin de deux choses pour bien fonctionner. Que la vision soit claire. Et la vision est définie par les élus qui exposent à leurs populations ce qu’ils comptent faire, comment ils voient les choses et ceux-ci leur accordent leur confiance. Que ce soit au niveau local, au niveau national, parlementaire ou au niveau de l’exécutif, le politique détermine la vision, et même la programmation de l’action exécutive. Et la mise en œuvre requiert parfois des compétences qui ne sont pas politiques. Vous pouvez avoir besoin de certaines compétences dans le domaine de la santé, dans le domaine de la défense et de sécurité, dans le domaine du numérique, et parfois, ces compétences n’ont pas du tout de chapeau politique. Parce que l’idéal, serait que les acteurs politiques disposent de compétences qu’il faut à tous les niveaux. Mais je ne pense pas qu’il y ait un pays au monde où tous les acteurs politiques ont toutes les compétences, dans tous les domaines », a déclaré Patrice Talon.
Pour le président de la République, « Pour un pays à construire, à bâtir, l’exigence de compétences est très élevée plus que les pays développés….Puisque tout est à construire. Nous avons besoin que les politiques qui sont doublés de casquette technique ou pas doublés de casquette technique, puissent conduire l’action de l’exécutif avec ceux qui ont des compétences, mais qui n’ont pas de chapeaux politiques. Et c’est bien pour ça qu’il y a eu quelques frustrations depuis ces deux mandats qui sont en cours. Parce qu’il y a des fonctions qui ont été confiées à des gens qui n’ont pas du tout de chapeau politique. Alors que ce n’est pas eux qui ont œuvré à conquérir le pouvoir. Ce ne sont pas eux qui répondent devant l’opinion. Don quelqu’un met en œuvre une stratégie sans avoir le devoir de réédition de compte, devant le peuple. Alors j’ai toujours pensé qu’il faut qu’on trouve un moyen de compenser un peu cela. C’est cela qui a été décidé récemment où nous avons dit qu’au-delà de l’action de certains ministres qui sont politiques, qui ont la tête dans le guidon au quotidien, qui sont tellement submergés que parfois, ils n’ont pas le recul qu’il faut pour apprécier leurs propres actions. Par rapport aux attentes des populations, par rapport à la vision ou par rapport même à l’avenir. Donc il serait bien que les ministres soient doublés de personnalités de compétences, mais ayant le chapeau politique. Des gens qui n’ont pas la tête dans le guidon, et qui ont une vision plus globale, une vision d’une profondeur accrue que celui qui a la tête dans le guidon pour accompagner, corriger et définir même avec celui-ci, ce qu’il faut faire.
Dans la tâche, je le vois bien. Moi parfois, je n’ai pas le temps de m’occuper des questions politiques, et des fois ça le pose des préjudices. Parce qu’il y a tellement à faire, que je n’ai pas l’occasion d’avoir des contacts, les discussions, les débats techniques qu’il faut avec les politiques pour corriger mon action. Donc il est impératif que ceux qui ont la tête dans le guidon, ait à leur côtés, des conseillers, des gens qui portent la vision, qui connaissent les réalités du terrain, qui peuvent apporter les recommandations qu’il faut, relayer à ceux-ci, ce qui est plus pertinent pour faire les choix, même faire le suivi de l’action gouvernementale, sans avoir la tête dans le guidon. C’est ce qui a conduit à la mise en œuvre de ce collège qui pour le moment, on n’a pas encore pourvu aux différentes fonctions qui sont prévues dedans. Mais ceux qui y seront, seront les guides et faire le suivi de ceux qui ont la tête dans le guidon au quotidien. Voilà l’esprit. Mais ce sont les partis politiques qui devront pourvoir à ces nominations-là, parce que c’est l’action politique qu’on voudrait remettre à centre des choses pour déterminer, définir, conduire et faire le suivi de l’action de l’exécutif ».