Ce lundi 4 décembre 2023, le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo a annoncé la dissolution du Parlement majoritairement composé d’opposants. Cette décision intervient après des heurts entre la Garde nationale et les forces spéciales de la Garde présidentielle dans une caserne au sud de Bissau, des affrontements que Umaro Sissoco Embalo, de retour de Dubaï, désignent comme une « tentative de coup d’État ». Le président bissau-guinéen a déclaré que la date des prochaines élections législatives serait fixée ultérieurement, conformément à la Constitution. Nathalie Yamb, femme politique, activiste, militante, influenceuse et vidéaste web suisse, fait une analyse de la situation et dénonce un coup monté par le chef de l’Etat lui-même pour renforcer son pouvoir.
Lire ci-dessous l’analyse de Nathalie Yamb
« Après avoir éructé pendant des mois à propos des “putschistes“ du Sahel, Umaro Sissoco Embalo commet lui-même un coup d’Etat en dissolvant pour la 2e fois l’assemblée nationale afin de s’accaparer tous les pouvoirs. La Guinée Bissau est un régime parlementaire. Le pouvoir est exercé par le parti majoritaire à l’assemblée nationale qui désigne le chef du gouvernement, qui rend compte au parlement. Cantonné à un rôle protocolaire depuis que son parti a été sèchement battu aux élections législatives en juin, Embalo, dont le mandat s’achève l’an prochain, cherchait un moyen de reprendre les rênes avant l’échéance présidentielle. Et c’est ainsi qu’il a pris prétexte de l’attaque d’un commissariat par des éléments de la garde nationale ce week-end, qui tentaient prétendument de soustraire d’un interrogatoire deux ministres placés en détention par le procureur général nommé par Embalo, pour crier à la tentative de coup d’Etat, comme si les coups d’Etat se commettent contre les commissariats. Le président de l’assemblée nationale Domingos Simoes Pereira qualifie – à raison – la dissolution du parlement de coup d’Etat constitutionnel. Le seul putsch qui a eu lieu à Bissau est celui que vient de commettre Embalo, dont la plus grande fierté est de dire que Emmanuel Macron est son ami. Parions que ce putsch “halal” passera comme une lettre à la poste auprès de l’Elysée, de la Cedeao et de l’UA? », a écrit Nathalie Yamb.
Rappelons que le Parlement dissous est issu des élections législatives de juin 2023.