La situation sécuritaire dans le Sahel central, particulièrement au Mali et au Niger, s’est fortement dégradée ces derniers mois. Face à cette détérioration, la Russie a émis un avertissement à ses ressortissants, leur déconseillant vivement de se rendre dans ces deux pays en raison du niveau élevé de la menace terroriste. Cet article explore les raisons de cet avertissement, les régions les plus dangereuses, et les implications pour les relations entre Moscou et les États sahéliens concernés.
Une alerte sécuritaire justifiée
Le 24 juillet 2024, l’ambassade russe au Mali a publié sur sa chaîne Telegram un message avertissant ses ressortissants des risques élevés de voyager au Mali et au Niger. Selon ce communiqué, « la situation est extrêmement dangereuse dans la zone des ‘trois frontières’, dans les régions de Gao, au Mali, et à Tillabéry, au Niger, où l’activité militante est la plus intense ». L’ambassade a également mis en garde contre la forte probabilité d’attentats terroristes, de vols et d’enlèvements dans ces zones.
Le message a rapidement été supprimé de Telegram, suivi d’une suppression similaire sur le compte X (anciennement Twitter) de l’ambassade, ce qui a suscité de nombreuses interrogations. Cet avertissement intervient malgré le renforcement des liens entre la Russie et les États sahéliens concernés, notamment depuis l’arrivée des militaires au pouvoir au Mali en août 2020 et au Niger en juillet 2023.
La zone des ‘trois frontières’, qui inclut des régions du Mali, du Niger et du Burkina Faso, est particulièrement touchée par l’insécurité. Les groupes jihadistes y sont très actifs, menant régulièrement des attaques contre les forces de sécurité et les civils. Cette région est devenue un point chaud de l’insurrection islamiste, rendant les déplacements extrêmement périlleux.
Des relations renforcées
Depuis l’instauration des régimes militaires au Mali et au Niger, les relations avec la Russie se sont intensifiées. Les autorités maliennes ont sollicité l’aide de Moscou dans leur lutte contre l’insurrection jihadiste, faisant appel à des instructeurs russes souvent qualifiés de mercenaires par les chancelleries occidentales. Ces mercenaires, associés au groupe Wagner, ont été déployés pour former les soldats maliens et renforcer leurs capacités de combat.
De son côté, le Niger a également bénéficié du soutien russe, notamment par l’envoi de matériel antiaérien et d’instructeurs pour former les forces armées nigériennes. Cette coopération vise à renforcer les capacités du Niger à lutter contre les groupes terroristes qui sévissent dans la région. Cependant, l’avertissement de l’ambassade russe met en lumière une contradiction dans ces relations renforcées. Bien que la Russie joue un rôle important dans le soutien militaire de ces pays, elle reconnaît implicitement que la situation sécuritaire reste critique et que les risques pour ses ressortissants sont élevés.