Avec une population urbaine prévue pour doubler d’ici 2050, les villes africaines sont confrontées à des défis de mobilité sans précédent. Les réseaux routiers saturés, combinés à une croissance rapide du parc automobile privé, exacerbent une situation déjà critique. Selon le groupe Alstom, la congestion urbaine coûte à l’Afrique environ 314 milliards USD par an, une somme colossale qui pourrait atteindre 488 milliards USD d’ici 2030 si aucune solution structurelle n’est mise en place.
Le rail urbain, une alternative stratégique
Ces pertes financières englobent les effets néfastes des embouteillages, comme la baisse de productivité, les émissions de carbone accrues, la pollution atmosphérique et les accidents. En outre, le transport routier représente près de 25 % des émissions de dioxyde de carbone sur le continent, accentuant l’urgence d’un changement radical dans les modes de transport. Le rapport « The role of urban rail in sustainable Africa » du constructeur Alstom propose une augmentation significative de la part modale du rail urbain, qui ne représente actuellement qu’1 % du trafic dans les villes africaines. En atteignant une part de 10 % d’ici 2030 et 20 % en 2050, près de 29 millions de voitures pourraient être retirées de la circulation quotidienne, avec des économies significatives sur les coûts liés à la congestion.
En Égypte, le réseau ferroviaire urbain du Grand Caire sert déjà d’exemple. En 2010, il a permis de réduire les coûts de congestion de 8 milliards USD, et des améliorations prévues devraient augmenter cette économie à 17 milliards USD en 2030. À l’échelle du continent, une adoption accrue du rail urbain pourrait réduire d’environ 1 gigatonne les émissions de CO2 cumulées entre 2023 et 2050, un chiffre qui pourrait encore s’améliorer avec l’utilisation d’énergies renouvelables.
Les défis d’investissement pour une transition réussie
Cependant, l’essor du rail urbain nécessite des investissements massifs. Selon l’AFC, l’Afrique devrait injecter entre 65 et 105 milliards USD par an jusqu’en 2050 pour combler son retard en infrastructures ferroviaires. Les États, souvent confrontés à des contraintes budgétaires, priorisent d’autres domaines, retardant ainsi les progrès nécessaires pour transformer les systèmes de transport. Cette situation engendre une hausse des coûts pour les passagers et les marchandises, le transport représentant jusqu’à 40 % du prix final des produits sur le marché africain. Une reconfiguration modale avec une meilleure intégration du rail pourrait non seulement réduire ces coûts, mais aussi dynamiser les économies locales et améliorer la qualité de vie des citadins.
La mise en œuvre de systèmes ferroviaires modernes et durables est une nécessité urgente pour les villes africaines. En s’engageant dans une transition vers le rail urbain, les gouvernements africains peuvent non seulement réduire les coûts économiques et environnementaux de la congestion, mais aussi créer des infrastructures résilientes capables de soutenir la croissance démographique et urbaine du continent. Le chemin est ambitieux, mais les bénéfices pour l’Afrique et ses habitants en valent indéniablement l’effort.