Dans le paysage diplomatique ouest-africain, Chaïbou Kadadé apparaît comme un acteur essentiel. Ce greffier de renom est désormais au centre des initiatives visant à rétablir la confiance entre le Niger et le Bénin, après une période de tensions. Depuis des mois, les relations entre le Niger et le Bénin, autrefois marquées par une forte coopération économique et diplomatique, avaient sombré dans la défiance. Cependant, un vent d’apaisement souffle à nouveau entre les deux pays voisins. Dernière avancée en date : la nomination de Chaïbou Kadadé comme nouvel ambassadeur du Niger au Bénin, selon un décret publié mercredi dans le quotidien officiel nigérien Le Sahel. Ce geste vient sceller des efforts récents pour ramener la confiance après des mois de tensions consécutives au coup d’État de juillet 2023.
Des relations en dégel après des mois d’impasse
La crise diplomatique entre le Niger et le Bénin avait atteint son paroxysme après le renversement de Mohamed Bazoum par la junte militaire nigérienne. Cotonou, fidèle aux sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), avait initialement pris des mesures strictes, y compris la fermeture de sa frontière avec le Niger. Ces restrictions, combinées à des accusations de Niamey sur l’hébergement de « bases françaises » au Bénin, avaient alimenté une escalade verbale et des blocages économiques.
Cependant, des signaux de réchauffement ont commencé à émerger. En août, le Bénin avait déjà envoyé son ambassadeur, Gildas Djobloski Agonkan, à Niamey. Et mi-novembre, le gouvernement béninois a autorisé la reprise de la circulation des biens et des personnes avec le Niger, une mesure accueillie favorablement par les observateurs. La nomination de Chaïbou Kadadé au poste d’ambassadeur du Niger au Bénin parachève ces efforts, renforçant l’idée d’un rétablissement graduel de la coopération bilatérale.
Des dossiers épineux encore en suspens
Malgré ces avancées, certains points de friction subsistent. Niamey n’a toujours pas rouvert sa frontière avec le Bénin, invoquant des préoccupations liées à la sécurité et dénonçant la prétendue présence de bases militaires françaises sur le territoire béninois, une accusation rejetée par Cotonou et Paris. Cette fermeture a des conséquences économiques notables, notamment sur le transport du pétrole nigérien via l’oléoduc de Sèmè-Kpodji, un projet phare reliant les deux pays, mais fragilisé par des querelles administratives et judiciaires. Un autre point de tension concerne l’arrestation en juin dernier de cinq ressortissants nigériens au port de Sèmè-Kpodji. Bien que trois d’entre eux aient été libérés après des condamnations avec sursis, cet incident avait ravivé les tensions, témoignant de la fragilité des relations bilatérales.
La nomination de Chaïbou Kadadé au poste d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire auprès du Bénin symbolise la volonté des deux pays de tourner la page des différends récents. Toutefois, pour que cette réconciliation prenne un véritable élan, il sera crucial d’aborder de manière constructive les questions épineuses qui subsistent, notamment la réouverture de frontière du côté nigérien.