Contrairement à une idée largement répandue, le pape n’est pas nécessairement un cardinal, ni même un prêtre. Le Droit Canon autorise en réalité tout homme baptisé à être élu à la tête de l’Église catholique. Un fait rare, mais pas inédit : en 236, un simple laïc du nom de Fabien fut choisi pape dans des circonstances aussi étonnantes qu’exceptionnelles. Son élection, inspirée par un signe perçu comme divin, a ouvert une nouvelle ère pour l’Église catholique romaine.
L’élection miraculeuse d’un laïc au trône de Pierre
Le Droit Canon (canon 332 §1) est clair : tout homme baptisé peut être élu pape. Bien qu’il doive être ordonné évêque avant d’exercer son ministère, il n’est pas obligé d’être prêtre ou cardinal au moment de son élection. Cette disposition rarement appliquée a pourtant été mise en œuvre au IIIe siècle, avec l’accession inattendue de Fabien au pontificat.
Selon la tradition, Fabien assistait simplement à l’élection du successeur du pape Antère lorsqu’une colombe se posa sur sa tête. Ce geste, perçu comme un signe divin, fit s’écrier la foule : « Il est digne ! ». Malgré son statut de laïc, Fabien fut aussitôt désigné pape, le 10 janvier 236. Ce choix spontané allait marquer profondément l’histoire de l’Église.
Un pape de réformes et d’expansion
Le pontificat de Fabien, qui dura 14 ans, fut l’un des plus constructifs du IIIe siècle. Profitant d’un répit dans les persécutions sous les empereurs romains successifs, il engagea de profondes réformes administratives. Il créa sept districts ecclésiastiques dirigés par des diacres, préfigurant les futurs cardinaux-diacres. Il s’attacha également à réorganiser les catacombes et à y faire inhumer dignement ses prédécesseurs.
Fabien joua aussi un rôle missionnaire de premier plan. Considéré comme l’apôtre des Gaules, il envoya sept évêques pour y implanter durablement le christianisme. À Rome comme dans les provinces, son prestige dépassait les murs de l’Église. Même Origène, en conflit avec le patriarche d’Alexandrie, se tourna vers lui pour trouver un appui spirituel. Sa gouvernance, équilibrée et inspirée, fit de lui une figure respectée bien au-delà de son temps.
L’histoire du pape Fabien rappelle qu’un simple laïc peut, dans des circonstances exceptionnelles, accéder à la plus haute fonction de l’Église. Sa trajectoire hors norme, entre inspiration mystique et efficacité administrative, continue de fasciner. Une leçon d’humilité et de foi qui défie les conventions hiérarchiques, et prouve que parfois, l’Esprit souffle là où nul ne s’y attend.
