La violence conjugale continue de faire des victimes et la célèbre animatrice de la TFM, Awa Gaï, en a récemment été une de plus. Cette femme d’origine gambienne est venue monnayer son talent au Sénégal depuis 2019. Son histoire est poignante, mais elle a choisi de la raconter pour sensibiliser et prévenir les autres femmes.
L’animatrice Awa Gaï raconte sa mésaventure
« J’ai fait l’essentiel de mon cursus scolaire dans une école privée canadienne. Après mes études secondaires, j’ai suivi une formation en journalisme. Mais avant cela, j’ai d’abord travaillé dans une radio, à l’âge de 17 ans. C’est là-bas où j’ai affûté mes armes et pris goût au monde des médias. Je faisais de temps à autre des publicités. Entre-temps, je me suis aussi mariée, j’étais très jeune à l’époque. Je venais de démarrer à la télévision locale. Mon patron à la radio m’avait fait la remarque selon laquelle, j’avais le potentiel pour faire de la télé. Je ne l’ai pas pris au sérieux sur le coup.
J’ai eu mon premier enfant et les choses se sont encore plus compliquées. J’ai dû arrêter les études que je faisais en parallèle de mon travail et le petit commerce aussi. A un moment donné, j’ai divorcé, pour ensuite renouer avec mon ex-mari. J’ai subi des violences conjugales. Mon ex- mari, mon premier amour, m’a battue à plusieurs reprises. Il m’a trouvée à la télévision où je travaillais devant mes collègues pour m’humilier. Il me demandait de choisir entre mon ménage et mon boulot. Je subissais une énorme pression.
Entre-temps, j’étais encore tombée enceinte. J’ai perdu mon enfant à 7 mois de grossesse à cause de ses assauts répétés. J’ai fini par faire une prise de conscience et je me suis dit qu’il n’était pas question qu’un foyer aussi instable puisse me faire abandonner mon boulot. J’ai essayé de tenir pendant 6 mois mais, je n’étais pas heureuse. Il a tout fait pour changer ma manière de m’habiller, je devenais une autre personne. J’en suis arrivée à avoir peur de lui.
Malgré tout, j’affichais mon plus beau sourire et personne n’était au courant de ce que je vivais. Un soir, il y a eu la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. J’étais partie en reportage au palais et mon ex est venu me chercher à la télé. Je n’avais même pas encore terminé mon travail. Il était avec notre fils et sa mère. Quand je suis montée dans la voiture, il ne m’a pas adressé la parole tout le long du chemin. Une fois à la maison, il n’a même pas daigné m’aider, alors que j’avais mon fils, mes affaires, mon ordinateur et j’étais en talons. Me débrouillant seule pour entrer dans la maison en portant mon enfant, je suis tombée. Le gamin de 3 ans a essayé de m’aider à me relever. J’ai eu un pincement au cœur.
Une fois dans la maison, mon ex a commencé à me harceler, en usant de violences et de menaces. C’est ce soir-là que j’ai décidé de mettre un terme à ce mariage. J’ai choisi de persévérer dans mon travail. J’ai habité avec mon fils, chez une de mes cousines. Celle-ci me faisait de petites méchancetés. Parfois, quand je rentrais, je trouvais la porte fermée ou on ne me gardait pas à manger. Chaque fois que mon fils faisait ses besoins, on m’appelait du boulot pour que je vienne m’occuper de lui. Finalement, son père l’a récupéré et j’étais obligée d’accepter la situation. Mais, il m’arrivait de dormir dans une voiture en plein milieu de la cour de la maison parce qu’on ne m’ouvrait pas la porte ».