Le groupe de presse « La Gazette du Golfe » a été suspendu en août 2023 par la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC). Accusé d’apologie de coups d’État en Afrique et dans la sous-région après le putsch au Niger, le média, déjà confronté à une situation financière difficile, se voit contraint de licencier l’ensemble de son personnel.
Des recours infructueux
La suspension du groupe de presse « La Gazette du Golfe » intervient dans un contexte tendu après le putsch au Niger. La HAAC, qui avait déjà par un communiqué en date du 3 août 2023, défendu les acteurs des médias béninois contre ce l’apologie de coup d’Etat, après le putsch au Niger, a accusé le média de ce délit. Malgré plusieurs recours auprès de la Cour Constitutionnelle, la décision de suspension semble irrévocable. La Cour a donné raison à la HAAC, ce qui plonge le média dans une crise sans précédent.
Licenciement collectif
Face à la suspension et à la dégradation de la situation financière, le groupe de presse « La Gazette du Golfe » se voit contraint d’annoncer un licenciement collectif à l’ensemble de son personnel. Dans une note adressée aux employés, le Directeur Général, Ismaël Soumanou, explique que les comptes du groupe ont été saisis par les institutions étatiques, rendant ainsi impossible l’accès aux ressources nécessaires pour maintenir les salaires et soutenir le personnel.
Selon la même source, une partie des salaires a été versée pendant les six derniers mois, mais la situation financière devient de plus en plus précaire. La saisie des comptes par les institutions étatiques a laissé le groupe de presse sans aucune ressource accessible. De plus, la rupture de contrats avec les partenaires a accentué les difficultés économiques, contraignant ainsi le média à prendre une décision douloureuse pour l’ensemble de son personnel.
Le licenciement collectif est un coup dur pour le personnel du média qui, déjà confronté à des mois d’incertitude, se retrouve maintenant sans emploi. Dans un communiqué de presse en décembre 2023, le personnel a imploré la clémence des autorités béninoises.
Lire ci-dessous l’intégralité de leur déclaration :
POINT DE PRESSE DU PERSONNEL GROUPE DE DE PRESSE LA GAZETTE DU GOLFE.
-Messieurs les Sécrétaires Généraux des Centrales et Confédérations Syndicales.
-Madame Mesieurs les Journalistes,
-Chers collègues du GROUPE DE DE PRESSE LA GAZETTE DU GOLFE.
-Béninoises, béninois,
-Madames Mesieurs.
Du haut de la tribune de la grande salle de réunion de la bourse du travail, recevez nos voeux les meilleurs que nous vous faisons pour cette nouvelle année qui s’annonce. Puisse Dieu tout puissant soutenir et consolider vos activités et vos familles respectives. Mais de votre position actuelle, nous vous prions d’imaginer la forme que prend ces derniers jours de l’année pour le personnel du Groupe de presse, La Gazette du Golfe. Ce qui devrait être un moment de fête est plutôt des instants de détresse pour tout le personnel. Les collègues sont déprimés, étourdis et confondus dans une improvisation quotidienne avant de pouvoir trouver un demi repas pour tout le ménage. La pression que la faim fait faire sur les parents par les enfants et parfois même sur le chef de famille par le conjoint ou la conjointe débouche régulièrement sur des crises sévères au coeur de l’instabilité psychologique et familiale de nous tous.
Il n’est plus un secret pour personne que pendant la période d’inactivité pour un Travailleur qui se trouve involontairement privé d’emploi, le chômage entraîne un isolement social, affecte la cellule familiale, le couple et les enfants. L’expérience a prouvé que les grossesses précoces et les déviances des enfants, voir le divorce ou la séparation du couple trouvent en partie leur source dans le chômage que subit le garant du foyer. Au chômage, il est facile de tomber dans le harcèlement des personnes capables de vous aider car ce dernier finalement épuisé du fait de vous assister financièrement ou en vivre tout le temps. Il est facile pour celle et celui qui est au chômage de devenir un débiteur insolvable, de devenir la risée du quartier, de se retouver sans toit pour faute de paiement de loyer et la liste n’est pas exhaustive.
Tout ce que nous avons sus-cité, les collègues, que dis-je, nous personnel du GROUPE DE DE PRESSE LA GAZETTE DU GOLFE les subissons l’un après l’autre. Certains résistent encore. Mais jusqu’à quand vont-ils résister? Jusqu’à quand nous qui subissons allions continuer de subir? Avons-nous la possibilité de tenir dans les deux prochaines années? Que deviendront nos relations socioprofessionnelles? Que deviendront nos relations familiales? Sommes-nous sûr que tout le personnel est épargné du risque de suicide ou de démence face à ce que chacun traverse depuis cinq mois que les portes du GROUPE DE DE PRESSE LA GAZETTE DU GOLFE sont fermées?
C’est au regard de ces nombreuses inquiétudes, qui submergent nos souffrances actuelles, que nous personnel du GROUPE DE DE PRESSE LA GAZETTE DU GOLFE venons lancer un appel solennel à l’endroit de toutes bonnes volontés notamment tous les acteurs à l’échelle sociale économique, politique et réligieuse pouvant plaider auprès du Père de la Nation le Président de la République son Excellence le Président Patrice TALON, à le faire aussi vite qu’ils le peuvent pour arranger la réouverture de GROUPE DE PRESSE LA GAZETTE DU GOLFE afin de sauver des vies et consolider des familles. Le même plaidoyer nous le voulons en direction du Président de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication et ses conseillers.
Sous le couvert général du Dieu créateur, Maitre des temps, cette nouvelle année qui s’annonce nous personnel du GROUPE DE DE PRESSE LA GAZETTE DU GOLFE souhaitons l’entamer avec espoir. Nous voulons contribuer à la construction de notre pays de façon responsable et objective. Pour cela nous avons besoin d’être au cœur de l’action. Vivement que nos cris de cœur aient un écho favorable auprès des facilitateurs de bonne foi.
Vive la presse béninoise,
Bonne et heureuse année 2024 à tous.
Je vous remercie.