Même le président Patrice Talon n’est pas épargné. Un dossier aussi étonnant que troublant est passé mardi 20 mai 2025 devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) à Porto-Novo. Un homme y est jugé pour avoir falsifié un décret présidentiel, censé être signé par le chef de l’État béninois Patrice Talon. Avec ce faux document, il aurait escroqué un pasteur à hauteur de 15 millions FCFA, et convaincu d’autres victimes de financer de prétendus projets d’envergure. Entre mensonges, foi affichée et suppliques à la barre, le prévenu a livré une défense déroutante.
Un faux décret pour un faux poste
À la barre, le prévenu s’est présenté comme informaticien, enseignant et gestionnaire de projet. Il a reconnu avoir téléchargé un véritable décret signé par Patrice Talon, Romuald Wadagni et José Tonato, puis l’avoir modifié pour y inscrire son propre nom. Il s’y présentait comme « chef de projet Mirador », une fonction totalement fictive. Ce document falsifié lui a ensuite permis de gagner la confiance d’un pasteur, à qui il a soutiré la somme colossale de 15 millions FCFA pour des projets montés de toutes pièces.
La supercherie allait plus loin encore. Lors d’une perquisition à son domicile, la justice a retrouvé un projet estimé à 10 milliards FCFA, des documents de structures reconnues comme African Parks et SOS Abomey-Calavi, ainsi que des visuels d’une compagnie aérienne. Le prévenu a tenté de justifier ces éléments comme des supports pédagogiques ou des traces de ses anciens emplois. Pour un autre citoyen, il se serait même fait passer pour acteur principal des Vodoun Days, extorquant 100 000 FCFA.
Des larmes, des prières et un pardon inattendu
Devant la Cour, l’accusé a plaidé partiellement coupable. S’il reconnaît avoir falsifié le décret, il nie avoir voulu en tirer un profit malhonnête. Selon lui, il s’agissait d’un « acte de foi » destiné à attirer l’attention divine et inspirer le président Talon à le nommer réellement à un poste. N’ayant pu rencontrer le chef de l’État, il dit avoir agi par frustration et espoir.
Dans une scène marquante, le prévenu a mis les deux genoux à terre, implorant la clémence de la Criet. De son côté, le pasteur escroqué ne s’est pas constitué partie civile. Il a préféré pardonner et confier le jugement à Dieu. Une attitude qui contraste avec celle du propriétaire du logement du prévenu, venu réclamer six mois de loyers impayés, soit 600 000 FCFA.
