Depuis le 14 mars, une vidéo montrant la chanteuse malgache Meizah victime d’une agression sexuelle circule sur Facebook, provoquant une onde de choc à travers le pays. Les images, tournées en septembre 2022, montrent l’artiste inconsciente, agressée par deux hommes dans une voiture après une soirée dans un bar karaoké à Antananarivo.
Meizah victime de chantage
Refusant de céder au chantage de ses agresseurs, Meizah a vu son calvaire exposé sur les réseaux sociaux, entraînant une vague de harcèlement en ligne. Plutôt que de mobiliser la solidarité, la diffusion de la vidéo a généré une avalanche de commentaires accusateurs à sa rencontre. Certains internautes ont pointé du doigt son état d’ébriété et sa tenue vestimentaire, révélant une culture du viol profondément ancrée dans la société malgache.
Malgré la tempête médiatique et la cyberviolence qu’elle subit, Meizah refuse de se taire. « Je n’étais même pas capable de dire non, je n’étais même pas capable de bouger. Sans consentement, personne n’a le droit d’abuser de qui que ce soit », a-t-elle déclaré avec force.
De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer la double peine qui subissent les victimes de violences sexuelles à Madagascar. Marie-Christina Kolo, fondatrice du mouvement Women Break the Silence, critique le rôle des réseaux sociaux dans la banalisation du viol et la stigmatisation des victimes. « Facebook à Madagascar, c’est Internet. Les gens ne se cachent même pas derrière leurs propositions ultra-violentes », déplore-t-elle.
Une justice attendue face à l’indignation populaire
Face à l’indignation croissante, le ministère de la Communication a mis en garde contre le partage de la vidéo, rappelant que cet acte est passible d’une amende de 6 millions d’ariary (environ 1 180 euros). Mais au-delà des sanctions contre la diffusion des images, les regards se tournent vers la justice.
Meizah a déposé plainte pour viol, chantage et diffamation en ligne. La question reste de savoir si les autorités prennent des mesures exemplaires contre les auteurs de l’agression et les diffuseurs de la vidéo. En attendant, cette affaire met en lumière la nécessité de lutter contre l’impunité.
