Gbagbo ne pourra pas se présenter à l’élection présidentielle d’octobre 2025 en Côte d’Ivoire. Radié du fichier électoral en raison de sa condamnation pénale, il est écarté de la course, tout comme Charles Blé Goudé et Guillaume Soro. Cette exclusion suscite des interrogations majeures sur les conséquences pour l’échiquier politique ivoirien. À qui profite réellement cette situation ? Quels en sont les impacts sur la configuration du scrutin ?
Un terrain dégagé pour le pouvoir en place
L’exclusion de ces trois leaders, tous issus de l’opposition ou de l’ancienne garde politique, réduit considérablement la diversité des candidatures. Laurent Gbagbo, figure historique du FPI (Front Populaire Ivoirien), aurait pu mobiliser une large base électorale en sa faveur, notamment auprès de ceux qui contestent son éviction du pouvoir en 2011. Charles Blé Goudé, son ancien bras droit, bien qu’affaibli sur la scène politique, demeure influent auprès des jeunes. Quant à Guillaume Soro, ex-Premier ministre et ancien allié d’Alassane Ouattara, il incarnait une alternative crédible à la fois pour une partie de la jeunesse et pour certains cadres du nord du pays.
Avec leur exclusion, le RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix), parti au pouvoir, voit plusieurs de ses potentiels adversaires écartés de la course. Cette situation renforce ainsi les chances de maintien du régime actuel, avec une potentielle candidature du Premier ministre Patrick Achi ou d’un autre poids lourd du RHDP, en l’absence d’un opposant de taille. Notons que comme le parti de Gbagbo et Charles Blé Goudé contexte la décision.
L’opposition affaiblie mais pas réduite au silence
Si ces exclusions affaiblissent l’opposition, elles ne signifient pas pour autant son effondrement. Le PDCI (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire), dirigé par Tidjane Thiam, pourrait tirer profit de cette situation pour mobiliser les déçus du processus électoral et fédérer une opposition dispersée. D’autres figures émergentes du FPI, comme Simone Gbagbo ou des proches de Gbagbo restés dans le jeu politique, pourraient également tenter de récupérer l’électorat de l’ancien président.
Cette exclusion pourrait également raviver les tensions et nourrir des contestations populaires, notamment de la part des partisans de Gbagbo et Soro, qui dénoncent une élection biaisée dès le départ. Des manifestations ou des recours juridiques ne sont pas à exclure, bien que leurs chances d’aboutir restent faibles face à un pouvoir solidement installé.
Vers une élection jouée d’avance ?
Avec trois des principales figures de l’opposition mises à l’écart, la présidentielle de 2025 risque d’être perçue par certains comme une élection verrouillée. Le RHDP part avec une longueur d’avance, mais doit faire face au défi d’une légitimité contestée. Dans ce contexte, le rôle du PDCI et d’autres forces d’opposition sera déterminant pour maintenir une compétition électorale crédible.
L’exclusion de Gbagbo, Blé Goudé et Soro redessine ainsi totalement le paysage politique ivoirien. Si elle profite en premier lieu au pouvoir en place, elle pourrait aussi redistribuer les cartes en faveur d’autres forces d’opposition, à condition qu’elles sachent s’organiser et mobiliser l’électorat laissé orphelin.
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