Le 10 décembre, le sommet de la CEDEAO à Abuja a été marqué par l’absence remarquable des présidents Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire et Macky Sall du Sénégal. Une décision inhabituelle qui a attiré l’attention et soulevé des questions sur les raisons de ce boycott. Selon des sources de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le geste des deux dirigeants est un acte de protestation contre l’assouplissement de la position du Nigeria à l’égard du Niger, une divergence qui a jeté une ombre sur le sommet de la CEDEAO.
Le contre-courant nigérian
Avant le sommet de la CEDEAO, le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a surpris de nombreux observateurs en exprimant son intention de discuter avec le Conseil National de Salut Public (CNSP) du Niger. Plus étonnant encore, Tinubu s’est montré également prêt à ouvrir la porte à une transition d’une durée de 1 à 2 ans, marquant ainsi un changement significatif dans la position nigériane traditionnelle. Cette position aurait suscité des réactions vives de la part d’Alassane Ouattara et de Macky Sall, qui ont interprété cela comme une trahison des principes fondateurs de la CEDEAO.
En tant que partisans d’une position ferme contre les coups d’État, Ouattara et Sall ont vu dans cette nouvelle attitude du Nigeria une fragilisation des principes démocratiques de la CEDEAO. Le Nigeria, en tant que membre le plus influent de l’organisation, a souvent joué un rôle moteur dans la défense de la stabilité politique dans la région. Cependant, cette volte-face a provoqué la colère des deux présidents, qui ont considéré cette attitude comme un abandon des valeurs fondamentales de la CEDEAO.
Un Boycott symbolique
Face à cette divergence fondamentale, Alassane Ouattara et Macky Sall ont choisi un geste fort pour exprimer leur désaccord, selon les sources de l’AES. Le boycott du sommet de la CEDEAO a été une décision calculée visant à envoyer un message clair sur l’inquiétude des deux dirigeants quant à l’avenir de la démocratie dans la région. En se retirant de la réunion, ils ont souligné leur désapprobation face à l’évolution de la position nigériane et, par extension, à toute éventuelle indulgence envers les auteurs de coups d’État.
Ce boycott n’est pas seulement un refus de participer à une réunion ; c’est une déclaration politique. En agissant ainsi, Ouattara et Sall ont mis en lumière les divisions internes au sein de la CEDEAO sur la question cruciale des coups d’État. Leur absence a été ressentie comme un coup dur pour l’organisation, déjà affaiblie par des divergences persistantes sur la manière de traiter les situations de crise politique.