Le groupe paramilitaire russe Wagner, déjà tristement célèbre pour ses activités militaires, est au cœur d’un scandale économique majeur. Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en 2022, il aurait accumulé plus de 2,5 milliards de dollars grâce à l’extraction illicite d’or, selon un rapport du Conseil mondial de l’or (WGC). Cette manne financière provient principalement des mines d’or situées dans des zones de conflit en Afrique et au Moyen-Orient, où Wagner échange ses services militaires contre un accès exclusif à cette ressource précieuse. Le rapport souligne l’impact dévastateur de ces activités sur les communautés locales et les économies nationales.
Un modèle économique basé sur l’exploitation des ressources et des conflits
L’exploitation de l’or constitue une part essentielle du modèle économique de Wagner. Présent dans des pays comme la République centrafricaine, le Mali et la Libye, le groupe paramilitaire contrôle des mines artisanales et des raffineries, engrangeant des bénéfices astronomiques. Ces activités s’inscrivent dans une stratégie de troc où Wagner fournit des services de sécurité, de formation et de combat à des régimes fragiles en échange de droits d’exploitation minière.
Le métal extrait est ensuite acheminé clandestinement vers des centres internationaux comme la Turquie, les Émirats arabes unis ou la Suisse, avant d’être vendu sur le marché mondial. Les profits servent à financer les activités militaires de Wagner et, par extension, la machine de guerre russe. Depuis la mort de son fondateur, Yevgeny Prigozhin, et son intégration dans les forces armées russes, Wagner continue d’étendre ses opérations, prenant récemment le contrôle de nouvelles mines au Mali. Cette exploitation illégale prive non seulement les communautés locales de revenus essentiels, mais alimente également des réseaux criminels internationaux. Des groupes comme Al-Qaïda et l’État islamique, opérant au Sahel, utilisent des méthodes similaires pour financer leurs activités, aggravant les tensions dans des régions déjà instables.
L’impact dévastateur sur les communautés minières et les États
Le secteur de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle (ASGM) joue un rôle crucial dans l’économie mondiale, représentant 20 % de la production annuelle d’or et soutenant près de 270 millions de personnes à travers le monde. Pourtant, il est particulièrement vulnérable aux abus. Les mineurs artisanaux sont souvent exploités par des groupes armés, des fonctionnaires corrompus et des organisations terroristes. Au Soudan, par exemple, les pertes fiscales dues à ces pratiques sont estimées à 2 milliards de dollars par an. Les risques pour les mineurs ne se limitent pas à l’exploitation économique. L’usage de mercure et de cyanure dans le processus d’extraction expose ces travailleurs à des maladies graves et à des conditions de travail dangereuses. Les glissements de terrain et les effondrements dans les mines artisanales causent régulièrement des pertes de vie, soulignant l’urgence d’une réglementation stricte.
Les abus touchent également les droits humains. Dans plusieurs pays, y compris le Ghana et la RDC, des enfants travaillent dans des conditions insoutenables dans les mines d’or artisanales. Ces pratiques illustrent le manque d’application des normes internationales et des lois pénales dans des régions où l’État de droit est faible.
Face à ces défis, une action coordonnée entre gouvernements, organisations internationales et acteurs privés est essentielle. Des initiatives telles que la formalisation de l’ASGM, le renforcement des contrôles sur les centres de traitement de l’or et la poursuite des responsables d’exploitation illégale doivent être renforcées. Les programmes de sensibilisation, les systèmes d’alerte précoce pour les communautés minières et l’élargissement des programmes d’achat d’or par les banques centrales peuvent également contribuer à intégrer ces activités dans des chaînes d’approvisionnement légales.
En parallèle, des mesures strictes doivent être prises pour démanteler les réseaux criminels. Cela inclut la saisie des actifs issus du commerce illégal de l’or, la restriction de visas pour les individus impliqués et la surveillance accrue des raffineries. Sans une réponse ferme et coordonnée, des groupes comme Wagner continueront d’exploiter les failles de la gouvernance mondiale pour financer leurs activités nuisibles.