La Cour internationale de justice (CIJ) a rendu ce lundi 20 mai 2025 une décision historique dans un différend territorial opposant le Gabon et la Guinée équatoriale depuis plusieurs décennies. En jeu : trois petits îlots stratégiques situés au large de leurs côtes, dans une zone maritime potentiellement riche en hydrocarbures. En tranchant en faveur de la Guinée équatoriale, la CIJ met fin à une longue bataille juridique, tout en appelant à une poursuite du dialogue entre les deux pays voisins.
Des îlots stratégiques au cœur d’un litige historique entre la Guinée équatoriale et le Gabon
Le différend entre la Guinée équatoriale et le Gabon portait sur Mbanié, une île de 30 hectares, ainsi que sur les îlots Cocotiers et Conga, tous situés à une dizaine de kilomètres des côtes équato-guinéennes et à environ vingt kilomètres du littoral gabonais. Bien que pratiquement inhabités, ces territoires sont stratégiques en raison de leur position dans une zone maritime susceptible de receler des ressources pétrolières et gazières.
À l’origine du litige, deux visions opposées de l’histoire coloniale. Le Gabon se référait à la convention de Bata signée en 1974, qu’il considérait comme un acte juridique lui conférant la souveraineté sur ces îles. La Guinée équatoriale, de son côté, évoquait un droit hérité du traité de 1900 entre la France et l’Espagne, affirmant que ces territoires lui avaient été transmis par l’Espagne lors de son indépendance en 1968. La CIJ a finalement tranché en considérant que la convention de Bata n’avait pas de valeur juridique contraignante.
Une décision juridique, un appel au dialogue politique
La CIJ a jugé que le titre de propriété légitime sur ces îles appartenait à l’Espagne, puis avait été transféré à la Guinée équatoriale. Elle a donc estimé que la Guinée équatoriale disposait d’une base juridique solide pour revendiquer la souveraineté sur les trois îlots. Cette décision renforce la légitimité de Malabo dans ce dossier, même si le Gabon avait continué à occuper les territoires contestés depuis les années 1970.
Cependant, cette décision ne signe pas la fin du processus. Le Gabon, par la voix de son représentant Guy Rossatanga-Rignault, a reconnu la nécessité d’ouvrir des négociations avec son voisin. « Le Gabon et la Guinée équatoriale sont condamnés à vivre ensemble », a-t-il déclaré, appelant à un règlement politique global, dans un esprit de bon voisinage.
