Un député de l’opposition, Jean-Michel Nintcheu a déposé deux plaintes au Tribunal de grande instance de Yaoundé. Ces actions en justice, visant respectivement le président Paul Biya pour « cumul de fonctions » et le Secrétaire général de la Présidence, le ministre d’État Ferdinand Ngoh Ngoh pour « usurpation de fonction »,
Un double front judiciaire contre le sommet de l’État
Jean-Michel Nintcheu, figure du Front pour le changement du Cameroun (FCC), accuse le président Paul Biya de violer la Constitution en cumulant sa fonction de chef d’État avec la présidence du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir. Selon Nintcheu, cette situation constitue un conflit d’intérêts majeur qui compromet l’impartialité requise de la fonction présidentielle. L’assignation en justice vise à « interpeller la conscience républicaine » des juges face aux dysfonctionnements de l’État camerounais.
Parallèlement, la plainte contre Ferdinand Ngoh Ngoh s’attaque à ce que Nintcheu et ses alliés considèrent comme une « usurpation de fonction » de la part du Secrétaire général de la présidence. Ils lui reprochent de s’adresser directement aux ministres comme s’il était leur supérieur, une pratique jugée contraire aux procédures administratives officielles.
Réactions des proches de Paul Biya
Face à ces accusations, les réactions ne se sont pas fait attendre. Laurent Charles Boyomo Assala, cadre du RDPC, a qualifié la démarche de Nintcheu de « pure distraction », affirmant que le parti se concentre sur les échéances électorales à venir plutôt que sur ce débat juridique. Cette réponse laisse entrevoir une stratégie de minimisation de l’affaire par le parti au pouvoir, qui se dit confiant dans sa connaissance des textes et règlements.
Du côté de la présidence, un haut cadre, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a rétorqué que Jean-Michel Nintcheu « ne sait rien du fonctionnement de l’administration publique », rejetant ainsi les fondements de la plainte contre Ferdinand Ngoh Ngoh. Cette défense souligne le fossé entre la perception de l’opposition et celle du gouvernement sur la gestion et l’exercice du pouvoir au Cameroun.