Les spéculations entourant le report de l’élection présidentielle au Sénégal se multiplient. L’activiste et femme politique suisse Nathalie Yamb fait une analyse de la situation et évoque les raisons de cette décision prise par le président Macky Sall.
Les desseins cachés de Macky Sall
Nathalie Yamb, une figure bien connue dans le rang des panafricanistes, affirme que Macky Sall envisage de retarder l’élection présidentielle afin de permettre à Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, de se présenter. Selon elle, le président envisage de démissionner juste avant la fin de son mandat, pour ainsi déclencher ainsi un nouveau processus électoral. « Macky Sall ne va pas organiser d’élections avant le 2 avril. Voilà ce qui va se passer : après avoir fait semblant d’accepter la décision du Conseil constitutionnel pour faire retomber la pression interne et externe, il va perdre du temps en organisant un “dialogue” que personne ne lui a demandé, puis il va démissionner juste avant la date fatidique de la fin de son mandat », a déclaré Nathalie Yamb.
L’argument avancé par Yamb est que Macky Sall souhaite reprendre complètement le processus électoral, y compris en rouvrant les candidatures, afin de donner à Karim Wade une chance de se présenter. « Conformément à l’article 31 de la constitution, le président de l’Assemblée nationale aura alors jusqu’à 90 jours pour organiser de nouvelles élections; le but n’étant pas seulement de gratter 3 mois supplémentaires, mais surtout de reprendre complètement le processus électoral à zéro, de réouvrir les candidatures et donc de permettre à Karim Wade d’être candidat. Et voilà, le tour est joué! N’oubliez jamais que c’est cela, la mission qui a été assignée aux laquais françafricains du Sénégal », a détaillé l’activiste Nathalie Yamb.
Situation confuse pour Macky Sall
Rappelons que le Conseil constitutionnel du Sénégal a déclaré que la loi prolongeant le mandat présidentiel jusqu’en décembre est contraire à l’article 103 de la Constitution sénégalaise, qui stipule que la durée et le nombre de mandats présidentiels ne peuvent être modifiés. Le Conseil constitutionnel a rappelé que le mandat de Macky Sall prend fin le 2 avril, et a invité les autorités électorales à organiser le scrutin dans des délais raisonnables, mais avant cette date.
En repose, le porte-parole du gouvernement sénégalais, Abdou Karim Fofana, a réagi à la décision du Conseil constitutionnel en affirmant que le gouvernement prend « acte de cette décision ». « La décision du Conseil constitutionnel, n’est qu’une demande. Ce n’est pas une injonction. Organiser dans les plus brefs délais et organiser dans les meilleurs délais, il y a une différence », a, par ailleurs insisté le porte-parole du gouvernement.