Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a tenu une conférence de presse ce jeudi 26 septembre 2024, au cours de laquelle il a présenté les conclusions de l’audit sur la gestion économique du Sénégal sous l’ancien régime, dirigé par Macky Sall. Cet audit, réalisé dans le cadre de la promesse de transparence faite par le président Bassirou Diomaye Faye à son arrivée au pouvoir, a mis en lumière une série d’irrégularités et de malversations qui auraient profondément affecté la santé économique du pays.
Une gestion économique opaque et manipulée
D’entrée de jeu, le Premier ministre Ousmane Sonko n’a pas mâché ses mots en qualifiant la gestion économique de l’ancien régime de « catastrophique ». Selon le Premier ministre, les finances publiques auraient été délibérément manipulées, notamment pour dissimuler l’ampleur de la dette publique et du déficit budgétaire. « Nous étions loin d’imaginer que les choses étaient aussi catastrophiques », a-t-il déclaré.
Le ministre de l’Économie, Abdourahmane Sarr, a détaillé certaines des découvertes les plus alarmantes de cet audit. Selon lui, entre 2019 et 2023, le régime de Macky Sall aurait annoncé une dette publique de 65,9 % du PIB, alors que la dette réelle se situait plutôt autour de 75 %. Le déficit budgétaire, présenté publiquement à 5,5 %, aurait en réalité atteint une moyenne de 10,4 % sur cette période. « À la fin 2023, la dette de l’État est de 15 664 milliards, soit 83,7 % du PIB, alors qu’elle était annoncée à 73,6 % du PIB », a précisé le ministre.
Des accusations graves de corruption et de favoritisme
Ousmane Sonko n’a pas hésité à employer des termes forts pour dénoncer ce qu’il qualifie de « corruption généralisée » au sein du précédent gouvernement. Selon lui, la politique d’endettement effrénée a servi de prétexte à des détournements massifs de fonds publics. Le Premier ministre a évoqué une « méthodologie systématique pour détourner en masse des deniers publics », dénonçant une gestion marquée par le favoritisme dans les choix des dépenses publiques.
Ces pratiques auraient, selon le gouvernement actuel, nui à la stabilité économique du Sénégal et à la confiance des partenaires internationaux. Les chiffres truqués auraient été présentés non seulement au peuple sénégalais, mais aussi à des organismes internationaux comme le Fonds monétaire international (FMI), ce qui aurait contribué à maintenir une image artificiellement positive de l’économie sénégalaise.
Des conséquences judiciaires en vue
Face à ces révélations, le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, a annoncé que des enquêtes judiciaires seraient ouvertes pour déterminer les responsabilités individuelles et collectives dans ces malversations. « Les personnes susceptibles d’avoir eu à commettre des faits contraires ou en infraction avec la loi pénale en subiront toutes les conséquences de façon rigoureuse », a-t-il déclaré.
Des poursuites judiciaires pourraient ainsi être engagées contre certains responsables de l’ancien régime, avec des accusations potentiellement lourdes de détournement de fonds publics et de corruption. Le ministre a précisé que les autorités judiciaires compétentes seraient chargées de mener ces enquêtes, et qu’aucun acte illégal ne resterait impuni.
Des mois difficiles à venir
Ousmane Sonko a également tenu à préparer les Sénégalais aux mois difficiles qui s’annoncent. En raison de l’ampleur des dégâts économiques laissés par l’ancien régime, des mesures d’austérité et des efforts supplémentaires seront demandés à la population pour redresser la situation. « Les prochains mois seront difficiles, mais doivent permettre de se remettre sur le bon chemin », a-t-il souligné.
Le Premier ministre a insisté sur la nécessité de mettre en place des réformes structurelles pour assainir les finances publiques et restaurer la confiance des partenaires internationaux. Il a également annoncé que chaque ministère publierait prochainement un rapport détaillant les observations faites dans le cadre de cet audit, afin que le processus de transparence soit complet.